Rita VON KLOPMANN
« Leurs goûts dépassent leurs origines. »
Bénévole au centre de demandeur.euse.s d’asile de la Croix-Rouge à Eupen, en Communauté Germanophone de Belgique, Rita von Klopmann, accompagne régulièrement des réfugié.e.s au centre culturel Alter Schlachthof.
Pourquoi emmenez-vous des demandeurs d’asile au spectacle ?
Je me suis aperçue que ça leur faisait du bien de quitter le centre où ils sont tout le temps. J’emmène deux à dix personnes. Nous poursuivons toujours la soirée au bistrot du centre culturel. Les échanges, y compris avec les artistes, y sont toujours très animés. Ils expriment leur ressenti. Des amitiés se nouent avec des Belges, qui ne demandent pas mieux que de telles occasions pour discuter avec eux. On commence à les interpeller dans la rue en leur disant « on s’est rencontré au centre culturel ». Ils ne sont plus des inconnus, commencent à faire partie de la société locale. Et bien sûr, cela m’enrichit aussi énormément. Ce que je leur donne, je le reçois au quadruple !
Comment choisissez-vous les spectacles ?
Je les emmène voir tout, car j’aime tout ! Parfois je propose à l’un ou l’autre en fonction des origines des artistes. Cela leur fait du bien de retrouver sur scène des personnes qui leur ressemblent, du même pays, ou avec la même couleur de peau. Ça les rassure. Pour un premier pas, ils se sentent plus à l’aise. Mais ils sont très curieux. Aux concerts de musique classique, ils sont fascinés et émus de voir autant de musiciens. Beaucoup n’avaient jamais vu cela dans leur pays. Je les emmène quand même très peu au théâtre, en raison de la langue. Parmi les spectacles ou films, certains les confrontent à une réalité qu’ils ont vécue. Je me demande si j’ai raison de les emmener, mais ils sont contents de voir que l’on en parle.
Leurs goûts s’affirment-ils ?
Oui, ils ont tous leurs préférences. Parfois je découvre un attrait commun de certains pour le même type de spectacles. Cela permet de dépasser les origines nationales. À force, je les connais de mieux en mieux et je cible les propositions que j’envoie par WhatsApp. C’est très simple !